Mode printemps 2025 imaginée par Petra Collins

Pour Petra Collins, la photographie est un échange extrêmement personnel qu’elle explore dans notre campagne Mode printemps 2025 avec son amie de longue date Adwoa Aboah. Inspirée du cinéma, elle brouille les frontières entre fiction et réalité, capturant la fluidité de la sororité et de la collaboration créative. Ici, elle réfléchit à la dynamique de la puissance lors des séances photo, du rôle de la mode dans le storytelling et de la profondeur émotionnelle dans ses clichés.  

Si vous réfléchissez à votre séance photo avec Adwoa Aboah, quelle est la première idée qui vous vient à l’esprit ?  

Légèreté et joie. Je connais Adwoa depuis 10 ans. Étrangement, elle n’avait jamais posé pour moi. Nos séances photo ont été tellement merveilleuses que j’avais vraiment l’impression d’être dans un rêve. Mon rêve, je pense, le sien et celui de [ma sœur] Anna aussi.   

Votre sœur vous aidait lors des séances photo et il semble que cela ait eu un effet miroir sur votre relation avec Adwoa Aboah. La sororité est-elle le thème général de la campagne ?  

Thème central de cette campagne, la sororité fait partie intégrante de mon travail. Pour moi, la sororité va au-delà des liens traditionnels : on peut la trouver auprès d’une compagne, d’une amie ou d’une collègue. J’ai voulu estomper ces lignes avec cette campagne et saisir une énergie partagée où les identités se mêlent et évoluent. J’ai été inspirée par des films comme Trois Femmes de Robert Altman, Persona d’Ingmar Bergman, et beaucoup d’œuvres d’Éric Rohmer. Comme ce réalisateur français, je suis fascinée par la dynamique subtile existant entre les femmes dans le cadre domestique et intime. Je suis attirée par la complexité et l’ambiguïté des relations humaines, et je voulais que cette campagne reflète un type de lien féminin similaire à celui exploré par Éric Rohmer dans ses films.

Comment décririez-vous votre lien créatif avec votre sœur et comment cette relation a influencé l’interprétation de la sororité dans cette campagne ?  

Anna est mon miroir créatif. On comprend presque de façon surnaturelle les idées l'une de l’autre. Elle a été ma première muse, et elle est aussi l’une de mes plus grandes collaboratrices. Lors des séances photo, on n’a presque pas besoin de parler. Elle saisit instantanément ma vision et lui donne vie avec un regard ou un geste. On retrouve donc cela sur les photos qui révèlent un autre niveau d’intimité : je la regarde, elle me regarde observer Adwoa et cette dernière nous regarde toutes les deux. Il s’agit d’un échange merveilleusement puissant d’énergie collective.   

Votre approche de la photographie brouille souvent les frontières entre fiction et réalité. Comment cette notion de fluidité et d’échange créatif a-t-elle influencé la dynamique entre Adwoa Aboah, votre sœur et vous pendant les séances photo ?

J’aborde la photographie comme un processus documentaire (même si on crée des situations fictives, les sentiments sont réels). J’adore créer un environnement où les sujets peuvent bouger et se comporter de façon naturelle. Je les encourage à guider l’appareil-photo. Comme j’ai aussi été un personnage de cette histoire et que ma sœur a capturé cela, on a pu créer un flux très naturel dans lequel chacune d’entre nous a pris les rênes à un moment donné.   

Dans quelle mesure ce type de collaborations façonne-t-il votre vision créative ?  

Dans mon processus créatif, il est utile d’être mise au défi par des paramètres spécifiques. Selon moi, travailler en collaboration ou dans un lieu particulier me pousse dans un espace imaginaire différent que je n’atteindrais pas seule.

Certaines tenues spécifiques de la collection printemps ont-elles aidé à définir le ton du récit de la campagne ?

J’adorais la robe fluide rose que je portais. Elle laissait passer la lumière tout en assurant une liberté de mouvement exceptionnelle.    

La mode semble au cœur de votre storytelling. Pouvez-vous préciser ce qu’elle signifie pour vous, personnellement et professionnellement ?  

Au niveau personnel, la mode me permet d’exprimer mon individualité et ma subjectivité. Au niveau professionnel, la mode est une façon de raconter une histoire, rassemblant différents éléments pour créer un récit. Comme je suis réalisatrice, il m’est essentiel d’utiliser des costumes dans mon storytelling. Le public en apprend beaucoup sur un personnage grâce à sa tenue.      

Vos premières œuvres réalisées dans les années 2010 ont eu une très grande influence dans la formation d’un mouvement esthétique distinctif. Selon vous, comment votre style a-t-il évolué depuis et comment décririez-vous l’essence de votre expression créative aujourd’hui ?  

La portée de mon travail s’est développée pour intégrer mes intérêts en constante évolution en matière de créations d’images et de storytelling. Je crois que travailler avec des moyens limités m’a permis de donner jour à un certain style à une époque spécifique. Aujourd’hui, mon activité reflète une ambition de travailler à plus grande échelle.   

Si vous pouviez choisir l’impact que votre art a sur les femmes, quel serait-il ?  

Je veux que les femmes s’identifient aux thèmes de mon travail et se sentent libres de réaliser un travail créatif.

À PROPOS DE PETRA COLLINS 

Artiste, photographe et réalisatrice canadienne, Petra Collins (née en 1992) est connue pour son travail évocateur et subtil explorant la féminité, la découverte de soi et les complexités numériques. Ayant débuté sa carrière à l’âge de 15 ans, elle est devenue une voix essentielle dans la culture visuelle contemporaine, associant l’art, la mode et le cinéma tout en influençant la culture populaire. Petra Collins continue à défier les conventions, réinventant les récits comme l’une des forces créatives les plus dynamiques de sa génération.

À PROPOS D’ADWOA ABOAH

Mannequin, actrice et défenseuse de la santé mentale, Adwoa Aboah (née en 1992) est célèbre pour son influence dans la mode et la protection des intérêts sociaux. Nommée mannequin de l’année en 2017, elle a fait la couverture des magazines Vogue britannique, américain et italien. Fondatrice de Gurls Talk, Adwoa Aboah donne la possibilité aux jeunes femmes de parler de santé mentale. Désignée parmi les « Next Generation Leaders » du magazine TIME et dans la liste « Forbes 30 Under 30 », elle continue d’inspirer grâce à ses actions et son activisme pleins d’audace.